À peine deux mois après sa visite très médiatisée de septembre 2025, le Premier ministre sénégalais est revenu aux Émirats Arabes Unis en novembre. Cette fois, il a voyagé sans caméras ni déclarations officielles marquantes. Ce déplacement discret répond à une urgence financière et stratégique. Voici les véritables enjeux de ce voyage « commando ».

Un retour précipité : ce que dit vraiment l’agenda

En septembre, l’APS et Le Soleil avaient présenté son voyage comme une opération de « restauration de la confiance » diplomatique. Le déplacement de novembre suit une logique différente. Selon des sources proches de la Primature, Ousmane Sonko cherche surtout à obtenir des liquidités immédiates.

Le Sénégal fait face à une forte tension de trésorerie en cette fin d’année 2025. Le FMI continue aussi d’exiger une réduction rapide du déficit. Dakar tente donc de multiplier ses sources d’appui.

Le dossier Ndayane : un montage discret autour de la Zone économique

En septembre, le gouvernement avait annoncé la résolution du différend autour du Port de Ndayane. SenePlus avait même évoqué un avenant de 700 milliards FCFA pour relancer les travaux. Pourtant, le retour du Premier ministre en novembre montre que le dossier reste sensible.

Nos informations indiquent qu’il est venu négocier le financement de la Zone Économique Spéciale attenante au port.

• Le blocage : l’État refuse de donner à DP World le contrôle total du foncier industriel.

• La stratégie de Sonko : il propose d’intégrer le fonds souverain émirati ADQ dans le capital. Cette option réduit l’influence de DP World et crée un nouvel équilibre. Ce montage complexe explique la dimension « technique » de la mission.

L’offensive Aluminium : des annonces aux actes

Lors de son premier passage, Ousmane Sonko avait évoqué l’idée d’un « hub industriel de l’aluminium ». Africa24 avait relayé cette ambition. En novembre, il a commencé à la concrétiser.

Selon nos sources, confirmées par des échanges lors du forum d’affaires de septembre, il a ouvert des discussions exclusives avec Emirates Global Aluminium. Il veut obtenir un accord de principe pour une raffinerie d’alumine au Sénégal. Le futur gaz de Saint-Louis alimenterait cette installation. Le Premier ministre cherche aussi une garantie d’achat émiratie pour rassurer les investisseurs du projet gazier GTA.

Défense et surveillance : la partie silencieuse du voyage

C’est l’aspect le plus discret du déplacement. Le Sahel reste instable et le Sénégal veut renforcer sa sécurité. Ousmane Sonko a ainsi rencontré des responsables d’EDGE Group, le grand conglomérat émirati de défense.

Le Sénégal ne se concentre pas sur des armes lourdes. Il s’intéresse surtout à des systèmes de surveillance frontalière et à des solutions de cybersécurité. Abu Dhabi possède une expertise reconnue dans ces domaines. Ce choix s’inscrit dans la stratégie de « souveraineté sécuritaire » du gouvernement Pastef, qui souhaite réduire sa dépendance aux partenaires occidentaux.