Chaque matin, le rond-point de Keur Massar se transforme en une bourse du travail informelle. Ainsi, une foule d’ouvriers du bâtiment et des travaux publics (BTP) s’y rassemble. Tous métiers et âges confondus, ils cherchent une journée d’emploi sur un chantier.
Carreleurs, maçons, ferrailleurs, électriciens et techniciens en BTP viennent de divers quartiers de Dakar. Par conséquent, ils convergent vers ce lieu devenu incontournable pour la main-d’œuvre.

Le vacarme domine le site. Les klaxons des véhicules et des motocyclettes retentissent sans interruption. Pendant ce temps, les ouvriers, reconnaissables à leurs outils — pelles, pics, truelles, marteaux —, attendent les entrepreneurs et chefs de chantier pour se faire recruter.

En cette matinée de vendredi, le rond-point est bondé. Les abords se remplissent rapidement. Certains se précipitent pour regagner leur travail ou la ville. D’autres, au contraire, longent les trottoirs, sacs en bandoulière et outils en main, donnant l’impression d’attendre un bus. En réalité, ils attendent un employeur.

Précarité et mépris des conditions de travail

Interrogé sur sa présence quotidienne, Modou Diop, carreleur trentenaire, raconte sa précarité : « Je viens ici chaque jour chercher du travail. Parfois, je décroche un chantier. Mais certains jours, je reste deux à trois jours sans rien. Ça fait honte, mais je n’ai pas le choix. »

Un maître-maçon déplore l’impact de la sous-traitance : « Les ouvriers ne reçoivent pas le respect qu’ils méritent au Sénégal. Pourtant, nous sommes derrière toutes ces belles constructions. »

Fallou ajoute que les patrons les considèrent peu, malgré des prix jugés dérisoires : « Certains patrons nous ignorent parce qu’ils nous voient ici, au rond-point. De plus, même en cas d’accident, on ne touche pas nos droits », précise-t-il. Selon lui, la paie varie entre 3 500 et 7 000 FCFA selon la qualité du travail.

Concurrence déloyale et discrimination

La concurrence se complique avec d’autres facteurs. Un jeune habitué du lieu depuis 2017 explique : « Nous subissons souvent de la discrimination sur les chantiers. »

Il poursuit : « Les patrons embauchent parfois des étrangers, souvent originaires d’autres pays africains. Ainsi, ils acceptent de les payer moins. »
Cette « concurrence déloyale » menace les droits des travailleurs sénégalais. En conséquence, elle les oblige à accepter des conditions dégradantes.

Lorsqu’on lui demande pourquoi les ouvriers se retrouvent à Keur Massar, il répond : « Ce lieu sert de point de rencontre traditionnel. Il est visible et accessible. En fait, le rond-point est devenu un réseau informel de recrutement. Ainsi, c’est un véritable marché de l’emploi pour les ouvriers. »

Malgré la précarité et l’incertitude, ces travailleurs restent déterminés. En somme, le rond-point symbolise leur quête d’emploi et leur résilience dans le BTP.
Cependant, ils affrontent des problèmes majeurs : exploitation, conditions difficiles et faibles salaires. Par conséquent, les autorités pourraient améliorer la situation en créant des agences d’emploi ou des plateformes de recrutement. De cette façon, elles sécuriseraient et équilibreraient le marché.