
L’Assemblée nationale sénégalaise a franchi une étape décisive ce lundi dans la lutte contre la corruption au Sénégal. Elle a adopté deux projets de loi majeurs : la création d’un nouvel Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) et l’instauration d’une déclaration obligatoire de patrimoine pour certaines personnalités publiques.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!Une réforme institutionnelle ambitieuse
Le premier texte a été défendu par le ministre de la Justice, Me Ousmane Diagne. Il vise à remplacer l’ancienne structure de l’OFNAC, jugée inefficace, par une institution indépendante relevant directement de la présidence de la République.
Cette nouvelle entité comptera douze membres, nommés pour un mandat unique de cinq ans à l’issue d’un appel à candidatures. Elle disposera de pouvoirs élargis : accès aux informations bancaires, audition des personnes mises en cause et gel administratif de biens.
La réforme abroge les lois de 2012 et 2024, considérées comme insuffisantes face aux défis de gouvernance. Elle marque aussi la fin du mandat de l’ancien procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, qui dirigeait l’ancienne structure.
La déclaration de patrimoine : un outil de transparence
Le second texte instaure la déclaration obligatoire de patrimoine. Elle concernera les titulaires de certains postes publics : chefs de juridiction, procureurs, présidents de chambre et responsables de secteurs stratégiques tels que les mines, les carrières ou les hydrocarbures.
Cette réforme s’inscrit dans l’Agenda national Sénégal 2050, qui fait de la transparence un principe directeur. Elle autorise la publication des rapports des corps de contrôle. Elle élargit aussi la portée de la loi : désormais, les agents publics qui exécutent des budgets supérieurs à 500 millions de francs CFA sont soumis à l’obligation, contre un milliard auparavant.
L’objectif est double : prévenir l’enrichissement illicite et éviter les conflits d’intérêts. Elle doit aussi mieux protéger les deniers publics. La mise à jour régulière du fichier des assujettis sera essentielle pour garantir l’efficacité du dispositif.
Des réactions contrastées
La majorité des députés a salué ces avancées. Mais certains élus ont exprimé des réserves. Tafsir Thioye et Anta Babacar Ngom ont dénoncé une adoption jugée trop rapide. Selon eux, un travail plus approfondi aurait renforcé la portée des textes. Aïssata Tall Sall a également critiqué le timing et l’urgence accordés à ces réformes.
Malgré ces critiques, l’adoption de ces deux lois marque un tournant. Le Sénégal renforce ses outils juridiques et institutionnels pour mieux combattre la corruption.